Yaka 'kholuka ou mbaala' by the hand of the " Maitre de la Frontière'. Yaka People, DRC.
Ce masque
Yaka primitif exceptionnel, magnifiquement conservé, aux traits puissants et
surmonté d’une coiffe peinte. Il est de la main du sculpteur yaka Nkaleweni que
j’ai nommé « Maître de la frontière » et dont l’œuvre est liée au commandant
Alphonse-François-Edouard Cabra (1862-1932) et à son assistant François-Léopold
Michel (1855-1932) de l’État indépendant du Congo. Du 5 juillet 1901 à novembre
1902, Cabra et Michel ont déterminé le tracé de la frontière entre l’État
indépendant et l’Angola portugais, entre Noque sur le fleuve Congo et les
rivières Kwilu et Kwango. Chacun des deux hommes fit don d’un certain nombre de
masques créés par ce maître sculpteur au Musée Royal de l’Afrique Centrale de
Tervuren; Cabra en 1903 (n° d’inv. EO.0.0.205-8) et Michel en 1919 (n° d’inv.
23319). Une autre œuvre de la main de ce sculpteur a été vendue par Sotheby’s
en 2017 (Lot 119). Il est probable que le masque Rivière – entre autres - a été
collecté dans la chefferie Yaka de Swa Yikomba, soit dans le village de
Pangala, soit dans celui de Tunza. Le style de ce masque s’inscrit dans un
courant transitionnel par rapport à celui des peuples Nkanu, voisins immédiats
à l’ouest, et il est possible que son inspiration vienne d’une forme simplifiée
de la sculpture Nkanu.S'intégrant dans le corpus des grands masques kholuka ou
mbaala, caractérisés par l'expressionnisme de leurs traits projetés en haut
relief - yeux globuleux, nez proéminent, bouche ouverte sur une mâchoire
puissante -, ce masque se distingue par ses très belles qualités plastiques
témoignant de l’individualité artistique du Maître sculpteur qui en est
l’auteur - équilibre, nervosité de la sculpture, profondeur de la patine et
finesse des modelés. Symbolisant l'univers cosmogonique des Yaka, il contribue
puissamment à façonner et à mettre en scène le patrimoine culturel transmis aux
initiés.Aux très belles qualités plastiques de ce masque s'ajoutent
l’exceptionnelle conservation de sa coiffe - en toile de coton - et l'absence
de personnage la surmontant, accentuant le caractère dramatique du visage, et
faisant ainsi de lui un des chefs-d'œuvre de l'art expressionniste développé
par les Yaka/Suku. (texte par Arthur P. Bourgeois, Ph.d.)
This exceptional primitive
Yaka mask, beautifully preserved, with powerful features and topped with a
painted headdress, was crafted by the Yaka sculptor Nkaleweni, whom I have
named the "Master of the Frontier." His work is connected to Commander
Alphonse-François-Edouard Cabra (1862-1932) and his assistant François-Léopold
Michel (1855-1932) of the Congo Free State. From July 5, 1901, to November
1902, Cabra and Michel determined the border between the Free State and
Portuguese Angola, between Noque on the Congo River and the Kwilu and Kwango
Rivers. Both men donated a number of masks created by this master sculptor to
the Royal Museum for Central Africa in Tervuren: Cabra in 1903 (inv. no.
EO.0.0.205-8) and Michel in 1919 (inv. no. 23319). Another work by this
sculptor was sold by Sotheby’s in 2017 (Lot 119). It is likely that the Rivière
mask, among others, was collected in the Yaka chiefdom of Swa Yikomba, either
in the village of Pangala or Tunza.
The style of this mask
belongs to a transitional movement influenced by the neighboring Nkanu people
to the west, and it is possible that its inspiration came from a simplified
form of Nkanu sculpture. Part of the corpus of large kholuka or mbaala
masks, characterized by the expressionism of their high-relief features—bulging
eyes, a prominent nose, and an open mouth with a strong jaw—this mask stands
out for its very fine plastic qualities, reflecting the artistic individuality
of the master sculptor who created it: balance, tension in the carving, the
depth of the patina, and the refinement of the modeling.
Symbolizing the cosmogonic
universe of the Yaka, it plays a powerful role in shaping and presenting the
cultural heritage passed down to initiates. In addition to its remarkable
plastic qualities, this mask is also notable for the exceptional preservation
of its cotton headdress and the absence of a figure on top, which accentuates
the dramatic nature of the face, making it one of the masterpieces of the
expressionist art developed by the Yaka/Suku peoples. (Tekst by Arthur
P. Bourgeois, Ph.D.)
Provenance
Collection Jef Vanderstraete (1904-1984), Bruxelles.André Fourquet (1928-2001), Paris.
Edward Klejman, Paris.
Daniel Hourdé, Paris. Collection
Marceau Rivière, Paris, acquis ca. 1980
Exposities
Paris, Ecole Supérieure Internationale d'Art et de Gestion, Art Africain, 23 avril - 3 mai 1991. Paris,Musée Dapper, Formes et Couleurs. Sculptures de l'Afrique Noire, 1er avril - 15 septembre 1993.
Le Mans, Carré Plantagenêt, musée d'archéologie et d'histoire, Masques d'Afrique, 12 mai - 29 août 2010
Publications
Arts d'Afrique Noire, Printemps 1986, n° 57, p. 50 ; Hiver 1989, n° 72, p. 7.Rivière et Lehuard, Art Africain, 1991, n° 61.
Falgayrettes-Leveau et Stéphan, Formes et Couleurs. Sculptures de l'Afrique Noire, 1993, p. 59 et 61.
Tribal Art Magazine, Printemps 2003, n° 2, p. 106.
Joubert et Rivière, Masques d'Afrique, 2010, p. 71 et 93, n° 65